Pierre SOLETTI

Pierre Soletti

1 / M’aventurant dans le dédale du site de Pierre Soletti et de sa production – de son œuvre – incroyable et impressionnante, dense et fulgurante, alliant et mêlant au menu
bibliographie : BD, Collectif, DVD, Jeu d’artiste, Jeunesse, Livres d’artiste, Musique, Nouvelles, Poésie, Romans/Récits, Théâtre.

Je me suis dis que pour un mecton, (je me permets cette familiarité chaleureuse). Je me suis dis, donc, que pour un mecton qui revendique et annonce la couleur en ouverture de son site foisonnant avec cette joyeuse affirmation :

Je travaille pas & j’en ai fait mon métier

Ou, selon un propos recueilli auprès des Carnets Du Dessert De Lune : Si l’on en croit la rumeur, Pierre Soletti passe sa vie à s’amuser. « Je travaille pas et j’en ai fait mon métier » a-t-il clamé un jour en public à un détracteur qui lui demandait ce qu’il faisait dans la vie. D’ordinaire, il répondait « ce que je peux », mais ce jour-là il était en forme, il faut croire.

Et être en forme, faire ce que l’on peux, s’amuser, ne sont t’ils pas – déjà – les prémices, les fondements, la base d’un art, d’un acte poétique ?

Ou, pour reprendre deux extraits du merveilleux petit carnet à spirales – Je travaille pas – publié parait-il à destination des enfants (ou de moi) dans la collection Petit VA! des éditions Copirate.

travailler c’est trop dangereux
on peut se casser un rêve au travail
se fouler une envie d’autre chose
s’arrêter de grandir aussi si on travaille trop

travailler
ça oblige à mettre ses phares le matin
quand on préférerait éclairer son lit
avec une lampe de poche pour lire
ou juste faire une tente secrète avec des draps
pour y loger ses mystères

Mais après ces digressions ou divagations ou possibles mises en bouche, revenons à notre mecton… Je me suis dis, donc, que pour un mecton ou un éternel gamin de cette trempe, il fallait y regarder à deux fois !!!

2 / Puis ce fut, plus précisément, la découverte émerveillée, du livre sonore : DE L’INCENDIE DANS UNE BOÎTE D’ALLUMETTES, bricolé par Pierre Soletti (aux textes) & ses comparses : Sylvain Moreau (aux graphismes et dessins), Patrice Soletti, Barre Phillips et Marc Siffert (à la musique et aux sons). Une belle bande de pieds nickelés ou de brigands de grands chemins (comme j’adore), me sembla-t-il.

Et dans cette petite boîte d’allumettes, on y trouve : des mots, des dessins, des sons, qui s’entrechoquent et se frictionnent en toute liberté, légèreté, délicatesse et autres douces caresses parfois abruptes ou vertigineuses.

Un ravissement salutaire me donnant l’impression de pouvoir encore toucher ou agripper les nuages comme dans mon enfance de tous les jours ou m’invitant à plonger et me lover dans des gouffres ténébreux toujours plus lumineux.

Un saisissement essentiel pour se ré-é-inventer une petite histoire ou une grande aventure de gamin ou de gosse ou de bambin en goguette, déambulant au fil du craquage de ces quelques allumettes ou pages presque blanches ou sinon parfois le revendiquant malicieusement.

Une évidence toute simple de faire du pas grand chose ou du petit rien – un grand tout ! & toucher juste – d’une flèche – la cible circulaire en son cœur tendre et sensible (tel Robin des bois).

Et allez savoir pourquoi, devant la découverte stupéfiante et joyeuse de cette fournaise magnifique et de ces petites allumettes, plus belles les unes que les autres, j’ai pensé à un autre paresseux ou amuseur ou poète discrètement prolifique et tout aussi bricoleur à ces heures gagnées sur le temps perdu.

Eternel enfant, lui aussi et s’amusant avec de petits riens pour en faire un monde, extirpé de son coffre à jouets ou de son bureau à fantasmagories, et se promenant ouvertement oisivement toujours et encore ou l’air de rien : Robert Walser.

Je ne sais pas si cette mise en parallèles ou perspectives ou accointances ou autres échos est pertinente ou judicieuse ou de bon aloi avec le non-travail de Pierre Soletti et de ses compagnons ou camarades de jeu ou bande de garnements.

Mais la simple idée enfantine de les imaginer jouer ensemble au fond de la classe ou dans la même cours de récréation et toujours hors des chemins battus, suffit à mon idée du bonheur.

Après cela j’ai pleuré et me suis consumé dans un bûcher d’éclats de rire. En pensant que la poésie n’avait pas encore finie d’être agitée… & que c’est tant mieux… C’est ça qui est beau…

Yves Arcaix

Extrait de la lecture-concert dessinée avec Patrice Soletti et Sylvain Moreau lors de MMP#20

 

Lire l’interview de Pierre Soletti par des élèves de 1er du lycée Nicolas Appert (Orvault).

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