Christophe FIAT

Christophe Fiat est né en 1966 à Besançon, comme Victor Hugo un peu plus tôt, mais aussi comme Proudhon et Charles Fourier. Cette ville en apparence paisible est donc un terreau fertile pour la poésie et les idées révolutionnaires. C’est en tout cas là que se développera la sensibilité de Christophe, ainsi qu’il le raconte en détails dans un livre récent et fort réjouissant paru au Seuil et justement intitulé Développement du sensible. Un sensible qui se nourrit par l’intellect (les rencontres, les lectures) et par les sens et la chair. Les filles ont ici toute la place qui convient à une solide éducation sentimentale.

Christophe Fiat, fort d’un DEA de philosophie, enseigne cette discipline en lycée et à l’université, puis quitte l’enseignement pour se consacrer au métier de poète en ses multiples aspects : écrivain, performeur, créateur de revue, metteur en scène.

On le qualifie volontiers d’écrivain pop. Est-ce parce qu’il porte le prénom du chanteur devenu iconique, que sa maman écoute en boucle à sa naissance ? Est-ce parce qu’il fut toujours à l’écoute des sons et des images de son temps, que son imaginaire, son sensible s’est développé là, et que toute son œuvre en porte les traces. Dans ses nombreux écrits, je relève les noms de King Kong, de Batman, de Stephen King, je vois qu’une de ses revues s’intitulait Mission impossible. Ne dit-il pas dans le livre précité : « je voudrais juste pouvoir mettre dans des phrases des pensées et des émotions et que ça aille vite avec des syncopes et des discordances, des césures, des points, des virgules, et pourquoi pas retrouver le son de la guitare électrique dont je joue comme un pied… » Des guitares électriques traversent en effet son paysage sonore, ainsi que nous l’entendrons. Christophe Fiat est pop parce qu’il se nourrit de Deleuze et des héros de Marvel, de Bataille et Kurt Cobain. La revue qu’il anime désormais, Cockpit, qui aura bientôt vingt numéros, donne de précieuses indications sur ses goûts, ses choix d’écriture et de création. Dans le petit monde qui l’entoure, on découvre le très rock Jean-Michel Espitallier, Charles Pennequin, Antoine Dufeu, Anne-James Chaton et tant d’autres formidables trublions de la poésie contemporaine. Jusqu’au toujours jeune à 90 ans, Fernando Arrabal, qui assure la postface de Tea Time dont nous allons entendre des extraits. Cockpit donc est à l’image de Christophe Fiat, libre, généreuse, accueillante, ouverte aux grands vents d’aujourd’hui, insolente, singulière et toujours en mouvement.

Tea Time est paru en mars 2020, en même temps que le confinement. C’est une œuvre étrange en trois parties distinctes et fort différentes. La première, de forme poétique, met en scène une femme un peu obsessionnelle, qui commente l’actualité tous les jours à l’heure du thé. La seconde, plus prosaïque dans sa forme, tient presque de l’essai. La troisième s’intitule « Poésies ». Plus classique si l’on en croit Christophe, plus proche de la chanson.

Aux cotés de Christophe Fiat, Fred Nevché, un compagnon de longue date, aux talents très multiples. Poète, il publie entre autres dans la revue Cockpit. Musicien, Compositeur, chanteur, il a publié cinq albums solos et déploie une activité créatrice dans tous les domaines : théâtre, chanson, musiques tour à tour pop et savantes. Il est comme ses amis Rodolphe Burger et Serge Teyssot-Gay passionné par la rencontre entre la poésie et l’improvisation musicale. J’ai été conquis par la beauté lyrique de ses clips visibles sur Youtube.

Présentation par Alain Girard-Daudon lors du festival MidiMinuitPoésie#22.

Lire le texte de création inspiré de leurs lectures écrit par les lycéens dans la Gazette des lycéens 2022.

Extrait de la lecture-concert Tea Time avec Fred Nevché qui inaugurait le grand marathon poétique de MidiMinuitPoésie#22 au lieu unique, le samedi 15 octobre. Organisé par la Maison de la Poésie.

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