FANTAZIO

Présenter Fantazio et son œuvre est une gageure.

1°) Parce que l’homme, aux mille parcours, est toujours surprenant et pertinent, drôle et impressionnant.

2°) Parce que son œuvre est multiple, hétéroclite, hors normes, protéiforme, engagée, décalée, et au final toujours vivifiante.

3°) Parce que l’homme et son œuvre ne sont pas réductibles en quelques mots.
« il en faudrait toujours plus des mots » comme il le dit à l’occasion d’un entretien vidéo réalisé (en 6 parties ou épisodes) par le Théâtre du Rond Point, à l’occasion des représentations du spectacle L’histoire Intime d’Éléphant Man. Et dont le texte est paru aux éditions L’Œil d’Or (et qui est son unique ouvrage publié à ce jour.) En voici quelques autres bribes de cet entretien vidéo, et chopées à la volée ou sélectionnés et retranscrits, en particulier dans l’épisode 5 – intitulé – Les Mots :
« C’est fou comme il y a des correspondances entre la crispation sociale et les mots. Faut vraiment les élargir. Faut parler beaucoup. Faut continuer à parler. Parce que ça contribue à faire tomber la cascade. C’est à dire, y a des barrages. »
« Y a pas d’soucis : tu peux rien répondre à Y a pas d’soucis. Ça te dit qu’il n’y a pas de problème – alors qu’en plus y’en a un -, en plus ça ferme la porte, ça met un barrage. Tu peux rien répondre à ça. »
« Du coup : c’est le faux starting block. Le truc qui veut faire croire qu’on pousse la phrase. On dit : du coup – du coup, et y a rien, en fait y a rien. »
« Oui, faut parler, faut parler beaucoup, faut réemployer d’autres mots, il faut aller en rechercher des vieux, il faut reparler argot. Il faut mettre les mains dans le cambouis des mots. »
« Faudrait presque qu’il y ait des stages de désenvoûtement des mots qui font barrages. »

4°) Parce que l’homme et son œuvre sont de la trempe des irréductibles et toujours et encore à l’affut.

5°) Parce qu’il fait sien le dérèglement du Je (celui qui est un autre) dans le petit jeu imposé de notre société et de nos pseudos échanges de communications aux formulations toute faites et passe-partout qui appauvrissent nos rapports à la langue et surtout aux autres.

6°) Parce qu’avec Fantazio, on n’en pas « sur » du poète croustillant, mais « avec » un poète. Et face à un homme de paroles et d’engagements.

ALORS COMMENT FAIRE ? COMMENT PROCÉDER ? COMMENT BRICOLER CETTE PUTAIN DE PRÉSENTATION ?

Peut-être, en rapide introduction à cette gageure, on pourrait essayer de partir de son parcours aux nombreuses bifurcations.

Quelque chose du style : « Fantazio a été et est : musicien, chanteur, crieur, auteur-compositeur-interprète, en solo ou avec des groupes modulables, performeur-improvisateur, comédien et bien d’autres choses, et cela dans les rues, les fêtes d’inconnus, les bars, les squats, les galeries, les théâtres qu’ils soient de Paris, de Berlin ou de nombreux autres lieux dans le monde ».

On se dit : « Ah ouais, ça passe crème en intro. Du coup, y pas de soucis pour le process de la suite de cette présentation. »

Puis pour essayer de préciser ce parcours, cette bio, on pourrait faire quelques recherches complémentaires sur son site : « fantazio.org ». Qui s’avère être un extraordinaire puis sans fond ou plutôt sans fin.

Ouf, on est sauvé (ou on croit l’être).

On y trouve bien une rubrique BIOS.

Mais BIOS avec un S, discret à première vue, mais qui n’a rien d’anodin (comme jamais rien, semble t-il avec Fantazio).

Eh ben oui, j’y ai recensé quelques 14 bios – d’où certainement le S – différentes (ou portraits), complémentaires, toutes plus riches d’informations, de précisions, les unes que les autres, et se déployant joyeusement dans un entrelacs de connexions passionnantes sur quelques 8 pages.

On se dit : « Pour une hypothétique rapide introduction à cette gageure, via son parcours, sa ou ses bios, c’est certainement une bonne approche, mais ça risque peut-être d’être un peu trop long pour le timing accordé à cette présentation. »

Et après cette petite réflexion, on change rapidement de braquet et d’angle d’attaque, et on part en expédition aventureuse dans l’œuvre de Fantazio.

À savoir, toujours sur le site : « fantazio.org », et par rubriques successives et savoureuses en découvertes :

1°) Des – Escritures
Quelques 39 textes référencés, plus ou moins courts ou longs, allant de : Che Guevara en déguisement à Un petit gars, en passant par : Dégager moi le passage vous êtes dessus, ou Freudian Rockabilly.

2°) Des – Vidéos
Quelques 37 captations référencées, plus ou moins courtes ou longues, allant de : Aaahhh à Vanihed Vishnu, en passant par Besexy, ou Chamanisme et business.

3°) Des – Sons
Quelques 30 enregistrements référencés, plus ou moins courts ou longs, allant de : Buster Keaton’s sadest day à Whos, en passant par Gu ru gu, ou Les vivants.

4°) Et plein d’autres choses encore – dont un vibrant hommage à son père Ivan Denys, jeune résistant, puis professeur de lettres classiques, et auteur de Lycéen résistant.

Vous l’aurez deviné, l’œuvre de Fantazio est une mine aux myriades de pépites que je vous invite à aller explorer.

Pour finir encore cette présentation les doigts dans le nez, je pourrai rajouter que je ne sais fichtrement rien de ce que Fantazio et la contrebassiste Sarah Murcia nous ont concocté pour ce final de MidiMinuit Poésie, et c’est ça qui est beau.

Présentation d’Yves Arcaix pour le festival MidiMinuitPoésie#22.

 

Lire le texte de création inspiré de leurs lectures écrit par les lycéens dans la Gazette des lycéens 2022.

Extrait de la lecture-concert avec Sarah Murcia lors de MidiMinuitPoésie#22 au lieu unique, le samedi 15 octobre. Organisé par la Maison de la Poésie.

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