Thomas Chapelon

Thomas Chapelon -c- Phil Journé

En 2012, les éditions Dernier Télégramme publient Presque printemps de Thomas Chapelon. Depuis ce premier recueil, ce sont chaque année un ou deux livres qui paraissent, que ce soit chez L’arachnoïde , au Dernier Télégramme ou Flammarion.

Presque printemps (2012), La pluie enrichie (2013), La demeure du vaste (2014), Pulsation lente (2014), Désertion des capitales (2015), Guérissable (2015), Ce vivant parmi les cendres (sur des peintures de Thomas Pesle) (2016), Anarchie des octaves (2017)

« Cherchant on ne sait / L’intérêt de ne plus être ennui »

Neuf livres en 5 ans, sans rupture du premier au dernier poème, chaque texte, comme une concaténation, du même, renouvelé, une unité de l’ensemble des livres,

– Le premier texte de Désertion des capitales pose le « point sinistre de l’horizon » et institue « le pas léger ». Ce qui pourrait résumer l’ensemble de son travail.

– La forme du poème, constante, une seule phrase, les vers alignés à gauche, la majuscule qui le débute, le point à la fin, quelques virgules. Des blancs, des effets de tabulations, de retraits, parfois une fluidité dans les enchaînements, jusqu’à la réduction syllabique, pour la force rythmique. La phrase, suite de substantifs, des enchaînements, des syncopes, des silences, des chutes. Les blancs, les retours de lignes qui sont aussi le texte, la force qu’il prend dans la syncope. La tension, non seulement du poème, mais encore de la suite des textes. Jamais d’article indéterminé, pas de « nous », les éléments pris dans leurs particularités, rarement nommés, mais saisis dans leurs effets.

– Juste des changements de colorations qui donnent aux ensembles de textes leur tonalité.

– Un temps de marche, binaire, entrecoupé de roulements, ternaire, une écriture de saccades, de secousses, et, toujours ce qui avance, ce qui tient, jusqu’au point. Et qui recommence, et ne cesse. Un tempo certain, la négation et la négation de la négation « Je n’ai appris et désappris, / Je m’avance », hésitation, induction du doute.

– Une langue thérapeutique, comme on touche au réel, comme il est perçu, dans un corps, reclus. La maladie, l’hôpital, les médicaments, le poème « neurologique ». Entre un réel en lambeau et la nécessité de continuer, la force qu’il faut pour. Un va-et-vient entre l’intérieur, le corps, et la prise au réel, le dedans et le dehors. Une sensibilité aux éléments, le ciel, les nuages, le vent.

– Le peu d’espoir, du monde, de soi, du temps.

– Et le fait d’avancer, d’y aller, de l’ombre du général à la force du particulier, la marche du poète, faite de patience, sagesse, philosophie, celle du réel, du quotidien, celle du plateau, de tous les possibles plateaux, comme « Mille plateaux ».

« Intérieur grave / Ne sollicite la considération / D’exhumer / Les troubles »

– le poème qui toujours se demande, ce qu’il est, ce qu’il fait, malgré l’absence de rime, parce qu’il rime ailleurs, avec d’autres éléments, non pas phonologiques, ce ne sera pas de cette rime-là dont il s’agit, mais de celle du poème avec le corps, réel, le quotidien, le voir, souvent, l’entendre, car les références sont présentes aussi, bien qu’allusives.

« Les poèmes savent / La déclinaison / De leur intention »

Il y a donc un présent car « Demain deviendra un jour », Thomas Chapelon.

Roland Cornthwaite, 2017

 

Lire les critiques écrites par les lycéens dans La Gazette des lycéens 2017

Lire l’interview de Benoît Toqué menée par les lycéens dans Entrevues.

Extrait de la lecture de Thomas Chapelon au lieu unique, lors de MidiMinuitPoésie #17, samedi 25 novembre 2017 à Nantes.

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