Anna SERRA

Ce qui réunit Anna Serra, Karine Pain et Nicolas Lafourest, c’est un rapport à l’échappée, au cosmos, au plus grand que soi. Et aussi une suite d’envies.

La première envie c’est celle de Karine Pain de poser ses images sur la musique de Nicolas Laforest.

Cette musique c’est celle de son projet solo Faulkner Songs qu’il entame sous le nom de Forêt après une carrière de guitariste dans divers projet musicaux comme par exemple Coddiwomple (avec Olivier Mellano) ou Cannibales & Vahinés (avec Marc Démereau et Fabien Duscombs) ou avec G.W. Sok, ex-chanteur du groupe The Ex. La musique de Forêt, c’est une musique à la fois minimaliste, parce qu’elle se réduit au seul son brut de la guitare électrique, et grandiose, parce que le l’exploration des sonorités et des énergies de cet instrument déploie un territoire immense.

Ces images, ce sont celles de Karine Pain, vidéaste, monteuse-truquiste, productrice vidéo. Elle a, entre autres, travaillé sur des vidéos et des spectacles du plasticien Pierrick Sorin, réalisé des clips pour Aquaserge, Forêt, I’d prefer not to, monté des clips pour Philippe Katerine, réalisé des films pour le FRAC Pays de La Loire. Le travail de Karine Pain nous rappelle qu’aux origines le cinéma c’était un art forain, que le cinéma c’était de la magie, c’est-à-dire un procédé technique permettant l’advenue du surnaturel. C’est cette magie que recherche Karine Pain dans ses trucages, dans ses montages, dans ses dispositifs scéniques.

Ensemble Nicolas Lafourest et Karine Pain créeront le clip de la chanson de Forêt Untitled #4.

La deuxième envie, ce sera celle, pour les deux artistes, de créer un spectacle ensemble There is no was, spectacle actuellement en cours de création et visible prochainement à Nantes. Ce spectacle montre un dispositif où le corps du musicien et les images de Karine Pain font corps.

La troisième envie, ce sera d’intégrer du texte dans le dispositif, pourquoi pas ceux de Faulkner ? pourquoi pas ceux d’un ou d’une poétesse ? Pour se joindre à leur univers, Magali Brazil, directrice de la Maison de la Poésie de Nantes, leur proposera la poétesse Anna Serra et sa poésie pulsée parce celle-ci ouvre aussi grand les portes et les fenêtres de l’imaginaire.

Anna Serra est poètesse, autrice, traductrice de poésie catalane. L’exploration de l’oralité de la poésie est au cœur de son travail. Depuis 2015, elle a publié plusieurs recueils : Mont Reine, Putain Vachement (éditions Trémendes, 2017) ; aux éditions Lanskine : Dehors dehors (2018), Je suis amoureuse (2020), La claire caresse (2021), L’absolu de ma machine (2022). Cette oralité, elle l’explore également par la création de Radio O, web radio dédié à la poésie contemporaine.

Le texte Danse-combat marque avec l’ouvrage précédent Dans l’absolu de ma machine, la volonté de la poétesse de toucher de sa langue cette chose qu’on nomme parfois l’infini, ou Dieu ou l’absolu, ou la nature ou encore le cosmos. De toucher de sa langue cette chose qui nous dépasse. Dans Dans l’absolu de ma machine Anna Serra dit ainsi :

il y a dans ma machine
Un monde de symboles
des images qui me rendent
visible l’invisible
elles marquent les états et les étapes
dans le labyrinthe de la vie
Ce monde de symbole est le même
qu’on connu les atlantes
géants parmi les géants humains
d’autrefois

Le temps des mythes n’est pas fini, c’est de là-bas qu’Anna Serra nous écrit.

Présentation d’Isabelle Lesquer-Laé pour le festival MidiMinuitPoésie#22.

 

Lire le texte de création inspiré de leurs lectures écrit par les lycéens dans la Gazette des lycéens 2022.

Extrait de la lecture-concert et vidéo « Danse combat » avec Nicolas Lafourest et Karine Pain lors de MidiMinuitPoésie#22 au lieu unique, le samedi 15 octobre. Organisé par la Maison de la Poésie.

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