Jean-Michel ESPITALLIER

Jean-Michel Espitallier © Chama Chereau

À Nantes et ailleurs et depuis bien longtemps (il a mon âge !), Jean-Michel Espitallier participe comme on dit au renouvellement de la poésie contemporaine. Il a été qualifié « d’enfant terrible de la poésie française », par l’universitaire canadien John Stout qui s’y connait plutôt bien puisqu’il dispense à l’université de l’Ontario un cours de maîtrise portant sur la métaphore du lieu dans la poésie française moderne.

Je ne suis pour ma part ni canadien, ni universitaire mais s’il fallait le caractériser, je dirais que Jean-Michel Espitallier est surtout un franc-tireur, à peu près inclassable, particulièrement atypique et volontiers iconoclaste dans son travail comme dans son parcours : il suffit pour s’en convaincre de parcourir la vingtaine d’ouvrages publiés ou d’examiner les multiples collaborations qu’il a menées avec de nombreux artistes. Sans oublier de noter qu’il mène parallèlement une carrière de batteur avec le groupe Prexley.

Mais laissons parler l’individu, il vous convaincra mieux que moi de son atypisme iconoclaste puisqu’il l’a en quelque sorte théorisé lors d’une interview réalisée à l’occasion du festival MidiMinuitPoésie en 2020.

« La poésie qui s’écrit aujourd’hui, est un territoire d’infinies libertés de création. Le renouvellement inouï des formes classiques, les expérimentations les plus audacieuses, le plasticage des modèles du passé ont bouleversé les écritures, donnant à chacun toutes les autorisations d’inventer des formes nouvelles, et donc ses propres règles, dans un espace désormais inclassable. Ce qui le rend aussi exaltant que bien difficile à aménager »

Édifiant non ? C’est beau comme un cours de maîtrise sur la poésie française contemporaine à l’université d’Ontario.

Liberté de forme, de règles et d’espace, voilà un beau programme !

C’est ainsi que Jean-Michel Espitallier dans son œuvre traitera tour à tour et sous des formes variées,  de sujets aussi divers que les ronds-points, la poésie en pièces détachées, la célébrité, les guerres, les cowboys, les communes de France à consonance poétique, le mystère de l’agitation musculaire gratuite, le cinéma amateur de la région Centre-Val de Loire, le théorème et l’infini, Syd Barret et les Pink Floyd, les monstres tueurs,  le deuil et l’absence aussi car habiter la vie en poète, c’est également puiser dans les ressources de la langue pour tenter de saisir l’incompréhensible et de surmonter l’insupportable même lorsque on l’a vécu soi-même.

Jean-Michel Espitallier est aussi performeur, collaborateur et sans aucun doute militant et humaniste. Coutumier des collaborations artistiques avec des musiciens, il mène avec Kristof K.Roll le projet World is a blues, récit électroacoustique aux mille voix, tissage sonore et théâtral de l’errance, quête d’un monde ouvert. Les morceaux sont issus de rencontres dans la jungle de Calais ou de rencontres à St Nazaire, Ivry-sur-Seine, Bordeaux, Frontignan ou encore de récits de vie écrits à l’occasion de demandes d’asile. Épopées tragiques racontées en farsi, en soudanais, en four, en patcho, en erythréen, en trigrigna…. traduites en langage poétique par Jean-Michel Espitallier et Anne Kawala et mises en musique par Carole Rieussec et Jean-Kristoff Camps les deux protagonistes de Kristoff K.Roll.

L’ensemble crée un labyrinthe sonore à entrées multiples glissant de l’acousmatique à l’improvisation et au « théâtre sonore » en passant par l’art radiophonique, l’installation, la performance.

Présentation d’Alain Anglaret pour le festival MidiMinuitPoésie#22.

Lire le texte de création inspiré de leurs lectures écrit par les lycéens dans la Gazette des lycéens 2022.

Extrait de la lecture-concert « World is a blues » avec Kristoff KRoll lors de MidiMinuitPoésie#22 au Pannonica, le jeudi 13 octobre. Organisé par la Maison de la Poésie.

 

C’est une biographie que nous propose Jean-Michel Espitallier avec son livre Cow-boy (éditions Inculte, 2020) . Celle de son grand-père…cow-boy ! « Un vrai cow-boy d’Amérique » est-il souligné en quatrième de couverture. Un vrai, c’est-à-dire pas un héros, mais un gardien de troupeau. Pour cette raison totalement oubliée de la légende familiale. Ce qui laisse toute liberté d’en raconter l’histoire, d’en faire un personnage à la fois fictionnel et très vraisemblable. Et universel, car ce sont ces migrants d’autrefois qui ont fait le rêve et l’épopée américaine. Dans son dernier livre, Centre épique (éditions de l’Attente, 2020), Jean-Michel Espitallier se penche sur l’épopée des vies modestes.

Une littérature épique pour les temps d’aujourd’hui, des romans ou poèmes documentaires sur nos vies ordinaires.

Depuis la fin du siècle dernier, Jean-Michel Espitallier enchante la poésie contemporaine, par son humour, sa créativité, son esprit pop rock et sa générosité. On le voit souvent dialoguer avec des musiciens, quand il n’est pas lui-même à la batterie, avec son groupe Prexley. Fondateur de la revue Java, il incarne une poésie expérimentale, plutôt joyeuse et ludique loin des hermétismes et graves postures qui font fuir le lecteur. Pédagogue, il partage sa culture du contemporain dans des anthologies-mode d’emploi : Pièces détachées, Caisse à outils.

Alain Girard-Daudon pour la soirée « Histoires d’Amérique »

Extrait de la soirée « Histoires d’Amérique » avec Jean-Michel Espitallier et Anne-James Chaton le vendredi 9 octobre 2020 à Stereolux lors de MidiMinuitPoésie#20

Lire la Gazette 2020 écrite par les élèves du lycée de l’Externat des Enfants Nantais. 

Lire l’interview de Jean-Michel Espitallier par des élèves de 1er du lycée Nicolas Appert (Orvault).

← Retour