Marius Loris

Marius Loris -c- Phil Journe

Marius Loris est un homme – un jeune homme – trentenaire en cette année 2017 – de parole et d’histoire.

Bien que par sa voix et son corps, de poète-performeur, il n’en raconte pas – d’histoires… Mais plutôt et à l’inverse, il se propose avec une légère insolence et une fine justesse, de nous évoquer celle avec un grand H.

La grande Histoire – donc – que Marius Loris crache, éructe, fait gicler, traverse, scalpe, dégraisse, tronçonne et transcende à vitesse grand V, ne se privant jamais au passage d’y faire surgir des petits grains de sable, des graviers et même des pavés dans la gueule.

À partir de l’Histoire, celle avec un grand H, (cette belle mécanique chronologique imaginée et écrite toujours, comme il est malheureusement de coutume, par et pour les vainqueurs qui observent le champ de bataille sans voir les cadavres tapis dans l’ombre), Marius Loris fait de cette belle horlogerie bien huilée et défiant le temps et l’espace, une farandole boiteuse et bringuebalante, une danse macabre virevoltante. Et ainsi nous la révèle enfin l’Histoire avec son grand H, dans toute sa complexité et souvent dans toute son absurdité.

Mais rembobinons le temps quelque peu.

C’est en avril dernier que je rencontre et découvre le travail de Marius Loris, à l’occasion de deux jours d’interventions de l’Armée Noire à Nantes, mêlant entre autre, loterie, tours de manège et une mémorable soirée de lectures-performances au café Madame Rêve.

Marius, assis et voûté sur un tabouret de bar, entame une performance Historique – dans tout les sens du terme. Et après plusieurs minutes d’un déroulé chronologique régurgité, mastiqué et proféré avec spasmes et fougue, allant de l’âge de pierre au futures élections présidentielles françaises, le public est totalement abasourdi et scotché devant ce qui me fait penser à un lointain souvenir du générique du dessin animé « Il était une fois l’homme » et de sa toccata de Bach. Mais revu et corrigé par le dessinateur américain Robert Crumb, ou chez nous, Gotlib et avec un morceau des Sex Pistols ou des Ramones.

Une Histoire Punk – avec un grand H et un grand P. Donc HP garanti mais qui dit « Yes Future ».
Et ce futur, Marius Loris le prend à bras le corps et en charge (explosive), depuis le ventre jusqu’à la bouche et au-delà, dans son premier livre publié en 2016 aux éditions Atelier de l’agneau et intitulé bouche louche puis dans son deuxième Matraque chantilly tout fraîchement publié également aux éditions Atelier de l’agneau.

Mais Marius Loris est plus loup que brebis, préférant les véritables veuleries aux fausses douceurs, les saines colères aux passions ternes, et surtout préférant le rire vital – toujours carnassier – à la morosité pathétique.

La plume de Marius Loris est tranchante et ne fait pas de quartier, même envers lui.

Sa langue est entière, gonflée aux sangs, souvent enragée, toujours engagée et n’a aucune peur de déranger et malmener l’idée toute faite et préfabriquée d’une soi-disant poésie – d’une parole – bien calibrée et creuse, pour toucher sa cible en plein cœur et dans les tripes.

Et comme l’écrit son ami et comparse Charles Pennequin dans sa préface de bouche louche :

… tout ça c’est dit dans l’urgence de quelqu’un comme vous et moi, mais qui le dit ici avec son style à lui, son écriture et ses rythmes à lui, et ça fait mal. Et ça fait du bien. À la poésie ! Merci !

Marius, je me permets ici de me joindre à Charles et te dire également : Merci !

Yves Arcaix, 2017

 

Extrait de la performance de Marius Loris au lieu unique le 18 janvier 2017 :

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