Tone Skrjanec (poète slovène)

Tone Skrjanec -c- Olivier Guitard

« Preveč besed tako ali tako ni dobro »

Si vous avez rendez-vous avec Tone, il faut savoir qu’il est dépendant du thé, de la cigarette et de la poésie. Il ne parle pas beaucoup. Il est comme ça.

C’est peut-être une des raisons qui a influencé la sortie de son premier recueil à quarante ans. Il note des fragments, des morceaux d’idées, beaucoup de morceaux. Et au final,ça fait un livre.

Il y a dans ses poèmes une jubilation d’écrire qui tient dans la vitalité du langage parlé. Poète de l’instant, du partage et de l’amitié (thèmes chers aux poètes de la Beat génération et de la contre-culture), sa poésie effleurel’épiderme des mots pour mieux restituer ce que le réel a de rêve et de sensible : « Je ne te vois pas sous toutes ces couvertures, la chaleur, je la sens sur les petites distances ». On part à la recherche d’une lecture du monde en lisant Tone et c’est soi qu’on retrouve, au détour d’une virgule inattendue, d’un paysage de lettres qui nous plonge dans « le balancement paisible du monde ».

Son écriture, aux allures saccadées, retranscrit l’urgence de vivre la vie, non pas comme un exercice imposé, mais comme une source permanente de créativité.

On retrouve chez lui, ce décalage tendre du refus d’accepter l’ordre établi des choses quand elles ne sont pas justes.
Car, quand on connaît Tone, on sait qu’il ne triche avec rien, ni personne, ni lui-même.

Il est une herbe qui refuse de se faire tondre le dimanche ou n’importe quel autre jour de la semaine. Une herbe sauvage de préférence, éprise de liberté inconditionnelle, à l’image des auteurs venus des grands espaces américains qu’il a traduits à maintes reprises. Exilé volontaire de la bêtise humaine, Tone Škrjanec nous fait éprouver la solitude des hauteurs, « assis sous le toit du ciel bleu […] nous sirotons le thé, notons les souvenirs et attendons qu’il soit deux heures pour avancer vers le sud, vers la neige », celle qui tombe au fond de nous, rafraîchissante et pensive, comme un trognon de songe, mais heureusement atténuée par l’humour salutaire qui chez Tone Škrjanec, ne va pas sans un engagement de l’être tout entier.

Tone Škrjanec est né à Ljubljana en 1953 où il a terminé des études de sociologie. Après avoir brièvement travaillé dans le domaine de l’éducation, il s’affirme comme journaliste indépendant. En 1990, il devient programmateur et coordinateur du centre culturel KUD « France Prešeren » où il organise des soirées poétiques « Tercets de Trnove » qui deviennent célèbres pour avoir lancé la carrière de maints poètes aujourd’hui considérés comme « classiques ». Il a publié une quinzaine de recueils. Ses poèmes sont traduits en plu- sieurs langues et inclus dans plusieurs anthologies. Il est également traducteur. Parmi les auteurs qu’il a traduit on retrouve : Paul Bowles, William S. Burroughs, Charles Bukowski, Gary Snyder, Frank O’Hara, Timothy Liu, Kenneth Koch, Jack Spicer, Anselm Hollo, Kenneth Rexroth, et d’autres encore.

Mateja Bizjak-Petit et Pierre Soletti, 2016

 

Lire les notes de lecture écrites par les lycéens dans la GAZETTE DES LYCÉENS 2016

Lire l’interview de Tone Škrjanec par les lycéens dans ENTREVUES

Extrait de la lecture bilingue de Tone Škrjanec lors de MidiMinuitPoésie #16, samedi 10 décembre 2016 au lieu unique :

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