Nii AYIKWEI PARKES (Ghana)

Nii Ayikwei Parkes : Rien que ce nom est un poème, une traversée des langues et des origines : Je me suis documenté et je suis aujourd’hui en mesure de vous décortiquer les sources de ce nom, qui nous plongent immédiatement au cœur de ce qui fait la singularité linguistique de l’œuvre de son propriétaire.
Nii signifie leader. La racine Ayi, montre de quel côté il vient (dans la langue ga), et l’on sait que sa famille d’origine fait partie des premiers habitants d’Accra. Ce qui permettait, si jamais il se perdait, qu’il soit facilement ramené près des siens. Et Kwei, révèle qu’il est le deuxième fils de son père. Parkes, enfin, c’est le nom anglais venu de l’ancêtre esclave de Jamaïque, mais qui est passé par la Guadeloupe pour retrouver son fils avant que le grand-père de Nii ne se retrouve en Sierra Leone, puis son fils, donc le père de Nii, au Ghana ou notre poète bien qu’étant né dans le Lincolnshire, au Royaume-Uni donc, va grandir. A Accra précisément.
J’espère que vous avez bien suivi les tribulations des origines de notre leader, devenu depuis poète, romancier, novelliste, chroniqueur, principalement en langue anglaise, même s’il parle très bien le français.
Il pratique assidument le Spoken Word, expression venue des états unis pour décrire une façon particulière d’oraliser un texte, inspirée des traditions jazz, soul et blues, et surtout de la Beat Génération, qui nous rappelle que l’écriture est le petit frère de la parole ce que Nii, dans son premier roman Notre quelque part, se charge de nous démontrer avec talent  :
Je n’avais jamais lu une histoire qui me raconte avec autant de clarté et de justesse ce que c’est qu’être en langues, ce que c’est que parler-raconter, nous dit Sika Fakambi la très fine traductrice qui a convaincu les éditions Zulma de publier en 2014 la traduction de ce texte paru en 2009 au Royaume Uni sous le titre Tail of the blue bird. Grâce lui en soit rendu, ce roman est un petit bijou d’humour décalé en même temps qu’une fine plongée dans l’Afrique contemporaine. Il se lit comme un proverbe africain : avec le sourire mais sans jamais perdre de vue la vérité sous-jacente des rapports humains, avec au creux de l’oreille l’oralité propres aux sociétés traditionnelles africaines, faite de langues mêlées, transformées, recomposées.

Mais intéressons-nous au Nii poète, puisque c’est de poésie qu’il sera question dès que j’aurai fini de vous ennuyer avec mes élucubrations et précisément de poésies désinvoltes si l’on en croit le sous-titre du recueil publié aux éditions Joca Seria, dans une version bilingue, la traduction française étant signée par Sika Fakambi.
Désinvoltes ? Pourquoi l’auteur a-t-il jugé utile d’apporter cette précision ? Il suffit de lui demander me direz-vous et ça tombe bien puisqu’on me confirme dans l’oreillette qu’il est là, bien présent.
Mais la simple lecture de ces poèmes confirme ce que l’adjectif « désinvolte » peut avoir de définitions et de sens variés : léger, impertinent, sans-gêne, détaché, dégagé, décontracté, voire libre avec un rien d’insolence, avec une légèreté un tantinet excessive.
La délicatesse légère et insolente de Nii Ayikwei Parkes se trouve probablement dans cet art de ne dire que l’essentiel dans un langage choisi par lequel il nous transmet ce qu’il est, ce qu’il sait et ce qu’il a vécu.

Écoutons-le, écoutons les plutôt puisque Guillaume Hazebrouck grand explorateur d’univers croisés entre musique et littérature que le public Nantais connait bien, nous fait le plaisir de croiser ses notes avec les mots pour une rencontre inédite !
Mesdames, Messieurs, en première mondiale Nii Ayikwei Parkes et Guillaume Hazebrouck

Alain Anglaret – 16 octobre 2021

 

Voir un extrait de sa lecture-concert en compagnie de Guillaume Hazebrouck le samedi 16 octobre 2021 lors du festival MidiMinuitPoésie21

Voir la table ronde « Choisir sa forme » avec Fanny Chiarello et Bertrand Belin du samedi 16 octobre 2021 lors du festival MidiMinuitPoésie21 animée par Eric Pessan

Lire la Gazette 2021 écrite par les élèves du lycée Louis-Jacques Goussier (Rezé).

Lire l’interview de Nii Ayikwei Parkes par des élèves de 1er du lycée Nicolas Appert (Orvault).

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