Nadège PRUGNARD
Nadège Prugnard est comédienne, metteuse en scène et – poète de la Scène –
Elle dirige également la compagnie Magma Performing Théâtre.
En 2020, deux de ses textes ont été publiés aux Éditions Moires –
Le premier » No border », qui fera l’objet de la lecture d’aujourd’hui…
Et un second intitulé « Fado dans les veines »…
Odyssée théâtrale, où NP évoque la figure de ses grands-parents, fuyant le Portugal et la dictature de Salazar.
Ces deux textes ont fait l’objet de résidence de création, de commande d’écriture ; Ils ont déjà obtenus prix et reconnaissance des Institutions.
Je les ai, pour ma part, lus, relus – d’une traite – l’un après l’autre… comme lié, reliés…
NP y parle de migrations, d’exils, de départs douloureux et de refuges dangereux…
L’histoire semble toujours la même… Des hommes, femmes et enfants, fuyant un pays (d’origine), qui les opprime, les maltraitent, les tyrannise… Ces hommes, femmes et enfants n’ont d’autre choix, pour survivre, que… l’ exil : partir, le plus souvent à pied, vers des contrées plus sereines, semble-t-il….
Ce sera Champigny sur Marne, en région parisienne, pour les Portugais, dans les années 60 et la ville de Calais, appelée ici: “Calaisie”, pour les autres, aujourd’hui…
À chaque fois, Nadège Prugnard s’immerge, au milieu de ces hommes, femmes et enfants. Elle partage, avec eux, des moments de vie – intenses. Elle écoute, elle pleure, elle aime, elle rit, elle vit… elle recueille aussi toutes ces histoires, les ingère, les avale, puis les digère…Nadège Prugnard serait comme une éponge, comme “un muscle du vent” … Et puis quand l’ éponge est pleine, quand la tempête est imminente, sa parole jaillit, de manière fulgurante …
Alors c’est pas tout gentil, tout mimi Non ! ça explose, ça résonne, ça déborde,…
A chaque page tournée… »tiens prends une beigne ! »…
Nadège Prugnard serait un peu comme la Pythie de Delphes dans les tragédies grecques; elle porte les voix, les transporte – est-elle-même transportée // Elle transborde les langues – toutes les langues: le globish, le français, l’arabe ou… le portugais: cet idiome familial longtemps interdit…
et au milieu de ces logorrhées, de ces langues – erré – peut-être se perd-elle aussi, un peu.
Dans” No border”, nous lisons : » j’écris dans la langue de la catastrophe »… »je suis un fragment de l’absolu tragédie »…
Dans “No border” nous voyons apparaître – dans cette “calaisie”, telle une cité gardée par des Sphinx armées et casquées – nous voyons apparaître- ici et là – au milieu de la boue, de la gadoue, nous voyons apparaître – … – une fleur, puis deux, puis trois… jonquille, marguerite, rose…
Je me suis demandé : « pourquoi toutes ces fleurs ? ici dans ces “chants de catastrophes » ? »
Et c’est le texte “Fado dans les veines”, qui m’a soufflé une réponse. Pour le peuple Portugais, en avril 1974, le ciel s’est éclairci, quand sont apparu ces centaines, ces milliers de fleurs rouges, symbole de la révolution des œillets… En sera-t-il de même en Calaisie ? – le doute est permis !
Nadège Prugnard sera, elle, – à n’en pas douter – de tous les combats, de toutes les révoltes, de toutes les révolutions… Je l’imagine déjà, poète de la lutte armée – sur scène – dans sa dernière création // “Feu”, devant un piano en “feu” justement, piano posé sur ces 4 pieds/kalachnikof …
Je l’imagine en tournée, ces prochains jours, un peu partout en France avec le spectacle “Fado dans les veines”…
Ah j’oubliais ! Les fleurs sauvages poussent là où on les attend pas… leurs graines vagabondent… elles se jouent des frontières… Pas de frontières, donc ! No border Go !
Alain Merlet, octobre 2021
Voir sa lecture du vendredi 15 octobre 2021 lors du festival MidiMinuitPoésie#21
Lire la Gazette 2021 écrite par les élèves du lycée Louis-Jacques Goussier (Rezé).
Lire l’interview de Nadège Prugnard par des élèves de 1er du lycée Nicolas Appert (Orvault).