Walis Norgan (poète taïwanais)
Île tour à tour colonisée par les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, tombée sous la coupe de l’empire mandchou des Qing (la dernière dynastie impériale qui a régné sur la Chine pendant plus de deux siècles et demi), puis gouvernée par le Japon de 1895 à 1945, avant d’être cédée à la République de Chine… Taïwan possède une histoire riche et complexe, à la confluence de plusieurs cultures et influences.
Ce métissage se retrouve aussi dans le domaine de la littérature et de la poésie en particulier. Durant la période dite d’après-guerre (post-1945), la scène littéraire taïwanaise a connu de multiples débats et polémiques desquels sont nés plusieurs mouvements qui loin d’être inéluctablement contradictoires vont peu à peu enrichir la scène littéraire taïwanaise et remettre au goût du jour la question de l’engagement en poésie.
La poésie taïwanaise s’avère aussi être un formidable laboratoire de langues : chinois mandarin (langue nationale), taïwanais et hakka (autres langues chinoises parlées par une majorité d’Insulaires), langues austronésiennes, japonais ou encore anglais… Si certaines de ces langues furent pendant un temps bannies des cercles littéraires, les poètes taïwanais contemporains n’hésitent aujourd’hui plus à puiser dans chacune d’entre elles pour façonner des écosystèmes linguistiques nouveaux et créatifs, faisant sans doute de la poésie taïwanaise contemporaine la plus créative et la plus polyphonique du monde sinophone.
Walis Norgan (parfois orthographié Walis Nokan), né en 1961, appartient au groupe aborigène des Atayal. Aujourd’hui enseignant à la retraite, il a pris une part active dans les mouvements sociaux des années 1980 et 1990 en faveur de la reconnaissance des communautés aborigènes. Sa poésie témoigne d’une grande solidarité et présence au monde qui ne se limite pas à l’avenir de sa communauté, comme l’atteste sa série de poèmes sur la Palestine.
Gwennaël Gaffric, 2015