Mariette NAVARRO
Le premier personnage de Mariette Navarro s’appelle Carcasse (Alors Carcasse, Cheyne éditeur, 2011) et il se tient sur le seuil, entre dedans et dehors. Carcasse ne veut pas, ne peut pas bouger. Il refuse, il affronte la foule qui le pousse, qui le tire, il affronte les autres, tous les autres. Il résiste, n’abandonne pas. D’une façon qui ne ressemble à aucune autre, Carcasse fait face, il fait front. Sans formule ni grand discours, il finit par faire vaciller le monde.
Ce personnage donne le la de ce que sera l’œuvre de Mariette Navarro : une écriture du refus, éminemment politique, puissante lame de fond qui renverse les certitudes, instille le doute. Une écriture qui impose la poésie dans un rôle premier – la poésie devenue bâtisseuse de communautés, de sociétés.
Œuvre remarquable poursuivie dans le théâtre et le roman. Dans ses livres, la parole du groupe affronte celle de l’individu. Œuvre de combat, militante, mais d’un militantisme qui ne cesse d’interroger, qui envisage toutes les voies de l’intelligence sensible, la poésie de Mariette Navarro est hautement humaine.
Elsa Pallot
Extrait de sa lecture du mercredi 5 février 2020