Pierre Guéry
« Pierre Guéry, né en 1965 à Marseille, est poète, écrivain, traducteur et performeur. » pouvons-nous lire sur le site qui lui est consacré. Suite à des études en lettres et en phonétique, il enseigne la littérature française pendant une quinzaine d’année en France et en Grèce. Puis il commence à écrire et réalise des performances.
Les éditions Maelström publient son premier texte en 2006 dans la collection Bookleg : Alien-Nation, mécanique de parole pour la scène, et accompagnent son travail tant de performeur que de traducteur et de poète dans plusieurs collections. Il édite également de cours textes puis un roman La réthorique des culs (2011) aux éditions Sens & Tonka/L’une & l’autre. Il participe également à des anthologies collectives.
Il multiplie les formes, nouvelles, roman, recherches typographiques (Deuil d’œil, édition Plaine page, 2013), poèmes et prose poétiques, poésies sonores que l’on peut écouter sur différents sites internet. Dans la lignée de la Beat generation, il écrit des textes de l’intime, des métaphores politiques (Weekend avec Hellènes), des récits nécessaires pour lutter contre l’asphyxie, une manière de respirer, de conserver « le feu d’une foutue dignité à laquelle tu tiens absurdement/… », de lutter contre, de dire la liberté et la quête de soi, de sortir toutes les armes de l’expression, la dislocation des mots et les dérives phonétiques.
Il interroge notre société, ses hypocrisies, son langage convenu et surtout ce qui est tu, comme le sexe et son discours figé entre pornographie et commerce – mais y a-t-il une différence ? Nous croisons des révolutionnaires chiliens, des groupuscules anarchistes grecs, un travesti qui renouvelle le militantisme homosexuel du temps du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (F.H.A.R.) exprime la nécessité joyeuse du sexe, la volonté de sortir de la culpabilité « quitter la faute / … / Humilier le péché… », et questionne nos costumes/coutumes de stéréotypes sociétaux. Car être différents interroge, maladie et sexualité, corps en recherche de rédemption, avoir connu la mort et en revenir – mais comment – et porter tous ceux qui sont restés en chemin…
De ses études en musique, danse contemporaine et art dramatique il conserve l’idée du corps : « la performance / c’est un corps dans un espace / … / et c’est un son / dans un corps, / … / et un mouvement de cet espace / et comment jouent ensemble / le geste du corps / et le mouvement de l’espace. » Cet extrait programmatique se prolonge dans Psyché Extérieur Nuit : Pierre Guéry déambule dans la ville, son corps fait écran et porte toutes nos vies, tous nos espaces, projetant son ombre sur le sol et sur les murs : « moi aussi dans les fentes de chaque mur de chaque maison je veux glisser ma peau », tandis qu’il nous parle, intimement, individuellement : « dans la ville nous sommes toujours à l’origine / barbares et perdus ».
Roland Cornthwaite, 2015