Azad Ziya EREN (poète turc)
« Un poète kurde de langue turque »
Azad Ziya EREN est parti de son Kurdistan natal emportant à ses semelles la terre de ses ancêtres. Lui qui a si longtemps et si généreusement milité pour la sauvegarde de la culture kurde, le voilà maintenant riche seulement de souvenirs. Les eaux poissonneuses, les airs bruyants d’oiseaux, la mythologie bruissante de créatures souterraines tutélaires de l’amour, et la littérature fourmillante d’œuvres épiques, lyriques, thréniques ou simplement nostalgiques : c’est le monde millénaire du grand croissant fertile qui se mêle dans son œuvre venue et à venir. La joie y est à la peine pour raison de l’hubris des hommes. Son monde pourtant si amical, généreux y est cassé, piétiné par la méfiance, la haine, le racisme infini d’hommes dominateurs, et, la difficile confiance que chacun accorde à soi-même. Trouble, trouble et même vertige d’âge en âge… Massacre, génocide, massacre, génocide…
La littérature y est à l’exaltation de ces penseurs, poètes, romanciers non seulement de cette partie primordiale dans l’invention de notre civilisation qu’est le Moyen-Orient mais aussi de l’Europe tout entière qu’il a lus en traduction turque avec souvent des avancées dans leurs langues d’écritures. Ces auteurs, ces autrices, il les exalte pour leur découverte du monde, leur fidélités amicales, pour leurs inventions de soi.
Son œuvre d’essayiste, romancier et surtout de poète les aime pour leur fraternité, leur débordement lyrique. Et son écriture y est à l’instar de ces cabossages tectoniques et de ces lustrations : un chaos où l’ellipse, l’anacoluthe, l’antithèse…toutes les techniques de rupture y sont apportées. Elles viennent s’entremêler comme des confluences au collage surréaliste, à la surabondance impulsive, à la richesse synthétique forte, nœud gordien, nœud de Salomon, au brassage de la rationalité et du fantastique… Le monde y est ce qu’il est dans sa matière et dans ses songes.
Jacques CHARCOSSET
Extrait d’une lecture bilingue d’Azad Ziya Eren, poète turc, lu en français par Guénaël Boutouillet, lors d’une soirée « Poèmes en cavale », organisée par la Maison de la Poésie de Nantes, mercredi 18 avril 2018 au lieu unique.