Olivier Domerg
Olivier Domerg est né à Orléans en 1963. Il vit et travaille à Martigues.
Depuis 1993, date à laquelle il publie son premier texte Delta aux éditions Patin & Couffin, une vingtaine de livres s’offrent à notre lecture. Parmi les derniers, citons
– Restanques, L’Atelier de l’agneau éditeur, 2003
– Treize jours à New York, voyage compris, Le Bleu du ciel , 2003
– Le rideau de dentelle, Le Bleu du ciel , 2005
– Une Campagne, Le Bleu du ciel , 2007
– Le chant du hors champ, avec la photographe Brigitte Palaggi, Fage éditions, 2009.
– Portrait de Manse en Sainte-Victoire Molle, L’Arpenteur / Gallimard, 2011
– Fabrique du plus près, avec la photographe Brigitte Palaggi, Le Bleu du ciel, 2011
– La Sainte-Victoire de loin en proche, éditions contre-Pied / Autres & Pareils,
– Fragments d’un mont-monde, Le puy de Manse, avec Brigitte Palaggi, Autres & Pareils et Le bleu du ciel, 2013
Souvent entouré de photographes et/ou plasticiens, il réalise des livres et revues qui tentent de sortir de la sidération, « or la chose sidère » écrit-il.
Il s’intéresse au paysage, au milieu dans lequel il se trouve, comme cette Fabrique du plus près évoquée précédemment faisant référence à La fabrique du pré de Francis Ponge. Il multiplie les approches, donnant à lire d’un même sujet les points de vue les plus ouverts possible, tentant d’en rendre une somme qui jamais ne l’épuise. Ainsi de cette Campagne abordée en 54 chapitres, que ce soit de l’herbe, du fruit, de la bâtisse, de son histoire et d’une certaine sociologie, … et dont il fera un feuilleton radiophonique durant 5 ans de 2007 à 2011, en publiant aussi des extraits dans le Jardin ouvrier d’Ivar Ch’Vavar.
Chaque approche trouve sa forme dans la progression de l’écriture, poèmes avérés, proses courtes, blocs organisés en cascades, assemblages de textes en colonnes, lisant l’un sous l’éclairage de l’autre. Il s’interroge parfois sur la pertinence de ces apparences, contorsionne les sens autant des phrases que du lecteur, sans se départir d’une langue claire et d’un vocabulaire précis. Car « être dans le vrai ne suffit pas. Il faut coller au réel, le serrer de près, le presser, lui emboiter le pas. »
Avec humour et dérision, il lui arrive de prendre son lecteur à partie, l’invitant à douter du sérieux du texte, de son caractère par trop lyrique souvent prégnant quand la poésie s’intéresse à la « nature », évoquant « L’aveuglement, le beuglement lyrique. La farce de l’ÊTRE (TOUT PISSANT ?) » (en majuscule).
Olivier Domerg aborde l’économie des lieux, les modifications d’usages dans le temps, comme les fruits que l’on ne cueille plus, y apportant une pensée critique de ce qui se nomme économie aujourd’hui, soit la marchandisation de nos vies et des espaces naturels. « La montagne comme discours, argument de vente, espace publicitaire ! … La nature comme credo, comme alibi(…). … Les loisirs à valeur écologique ajoutée. »
Tout l’intéresse, des oiseaux aux insectes, les aboiements d’un chien ou le bruit des voitures sur un pont.
Les deux derniers numéros de la revue Autres et Pareils sont des albums mêlant textes et photos, édités avec beaucoup de soin, sollicitant des collaborations : Jean-Marie Gleize ou Nicolas Pesques, mais également des plasticiens – Patrick Sainton – et des photographes – Brigitte Palaggi et Eric Bourret, transformant ces albums en ouvrages riches et documentés.
Dans le court texte qui sert de préface à La fabrique du pré, et intitulé « Les sentiers de la création », Francis Ponge écrit : « L’amour des mots est donc en quelque façon nécessaire à la jouissance des choses. » Différence, trouble, doute, en les déchiffrant c’est aussi cet amour et cette jouissance que nous donnent à lire les livres d’Olivier Domerg, jusqu’à leur « accomplissement pornographique ».
Roland Cornthwaite, 2015.
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