Agnès AUBAGUE

Avant de vous présenter l’artiste accueillie aujourd’hui, je serai tenté de faire silence, de tendre l’oreille, d’écouter et de me demander « Qui niche ici ? » avec cette autre question en suspend :
« notre environnement sonore sera-t-il le même, ou plus enrichi, après une performance sifflée d’Agnès Aubague ? »
Les oiseaux resteront-ils à l’écart ? Mind the Gap ?

Le Bureau d’Agnès Aubague est tout un monde et son monde est fait de mots, comme encagés dans ce titre :  « my word is a bird » / « Mes mots sont des oiseaux », et déjà, se dessine une première ligne mélodique : world – word – bird…

Peut-être que certain-nes d’entre vous ont déjà accueilli chez eux des clichés d’Agnès Aubague prêtée par l’artothèque de Nantes (Collection Art delivery).
D’autres se souviennent d’avoir assister à une lecture, à Saint Herblain, en 2010, à la salle de spectacle ONYX, pour un projet palissade, intitulé Mon bureau est une œuvre d’art. Ou encore certains se souviennent d’une lecture performance, et pas n’importe où, puisque  grimpés sur le toit d’un bunker nantais, Le Hub. Enfin, pour les plus parisiens d’entre vous, peut-être avez-vous dejà croisé Agnès Aubague au cimetière du Père la Chaise où elle a rendu un hommage performé à Apollinaire et Raymond Roussel.
Agnès Aubague occupe les espaces, les met en scène, au travers de scénographies épurées où apparaissent, ici et là , cube rouge, moquette et tapis rouges, mais aussi jupes et robes et châles rouges et parfois oiseau rouge – tel « rouge gorge » et  « gorge rouge» mais jamais  inflammées et encore moins enflammées.
Agnès Aubague fait œuvre de ce qu’on appelle la  poésie-action, où les mots « dits » se mêlent aux mots « écrits ».
Artiste visuelle, elle met aussi les mots en scène sur des containers, des vitrines, ou tout support à adhésiver.
Elle fait sonner les mots à voix haute, dans diverses langues, français, anglais, espagnol et dans sa chère « langue des oiseaux » héritée – qui sait – de ses racines basques.
Et si cette langue sifflée et polyglotée nous inspirait de nouvelles modulations de langage, de nouveau compagnonnage, oiselé…
Sans doute, il aurait encore beaucoup à dire sur ce projet de Bureau, mais à l’instar du mime Debureau, je n’en dirai pas plus, de crainte qu’au petit merle que je suis, elle ne vienne couper le sifflet.

Présentation d’Alain Merlet pour le festival MidiMinuitPoésie#22.

 

Extrait de la performance « My word is a bird, dictapoèmes polyglottes et sifflés » lors de MidiMinuitPoésie#22 au Jardin des Fonderies, le vendredi 14 octobre 2022. Organisé par la Maison de la Poésie.

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